Rendre des comptes en matière d’égalité des genres dans l’éducation

Credit: Arete / Ivan Armando Flores / UNESCO

Rendre des comptes en matière d’égalité des genres dans l’éducation

Bien que presque tous les pays se soient engagés, par le biais de traités internationaux et de la législation nationale, à assurer l’égalité des genres, le présent résumé a montré que le principe d’égalité est souvent bafoué à travers le monde. Pour prendre des mesures et corriger le problème, il est important de déterminer qui est responsable de l’obtention de l’égalité dans l’éducation, et de demander à ce que les responsables rendent compte de la manière dont ils s’acquittent de leurs responsabilités.

Réaliser l’égalité des genres dans l’éducation implique des processus complexes et les efforts de nombreux acteurs. La responsabilisation peut contribuer à garantir que tout fonctionne comme il se doit. La responsabilisation est un processus qui aide les personnes ou les institutions à exécuter leurs responsabilités et à atteindre leurs objectifs. Aux fins du présent résumé, elle peut être interprétée comme étant composée de trois éléments principaux : premièrement, les responsabilités de l’acteur doivent être clairement définies ; deuxièmement, l’acteur doit être tenu de rendre compte de la façon dont les responsabilités ont été exécutées ; et troisièmement, il doit y avoir une justification juridique, politique, sociale ou morale de l’obligation de rendre compte.

 

La manière dont les responsabilités sont définies et attribuées change en fonction de la façon dont le genre est conceptualisé. Trois manières de penser l’inégalité des genres, chacune avec une perspective progressivement plus large, offrent des implications différentes pour la nature, l’accent et les limites de la responsabilisation (Unterhalter et al., 2018) (Figure 13) :

■ Le niveau le plus étroit et le plus descriptif se concentre sur l’examen des responsabilités afin de veiller à la parité des genres dans la participation à l’éducation et les résultats d’apprentissage, en mettant de côté les questions de dynamiques de pouvoir qui déterminent l’inégalité entre les genres.

■ Le niveau suivant, d’un point de vue plus analytique, cherche à exposer et à interroger les relations et les processus associés à l’exercice du pouvoir qui mènent à l’inégalité entre les genres.

■ Le niveau le plus large concerne les aspirations normatives relatives à la justice ou à l’égalité dans la société au-delà de l’éducation seule.

FIGURE 13: Les différentes conceptualisations du genre ont des implications différentes en matière de responsabilisation

Ces trois approches sont valables, et les différences de conceptualisation devraient être intégrées. Une compréhension de tous les niveaux est nécessaire pour remettre en question les stéréotypes, les processus pédagogiques et les résultats de l’enseignement et pour comprendre si un système éducatif déploie un agenda favorable aux droits de l’homme ou s’il participe à leur compromission.

Par exemple, le gouvernement est un acteur responsable dans la prestation de l’enseignement. Au niveau le plus étroit, la responsabilité du gouvernement peut être définie en termes d’achèvement de la parité entre les genres dans les taux de participation, d’attribution de financements et de représentation dans les organes de décision. Ici, les mécanismes de responsabilisation devraient se concentrer sur l’obtention de données ventilées pour surveiller les disparités et soutenir les programmes de discrimination positive pour réaliser la parité. Au niveau suivant, le gouvernement est responsable et devrait être tenu responsable de la définition des processus d’élaboration des politiques éducatives dans lesquels les inégalités trouvent leurs racines. Enfin, au plus haut niveau, le gouvernement est responsable de l’analyse de la façon dont les politiques clés influent sur l’exercice égal des droits sur le long terme. Les mécanismes de responsabilisation exigent une preuve qualitative documentant l’intersection entre genre et pouvoir.

Assurer l’égalité des genres dans l’éducation est une entreprise collective dans laquelle tous les acteurs (et pas seulement le gouvernement) doivent travailler ensemble pour s’acquitter de leurs responsabilités. Par exemple, les écoles et les enseignants ne travaillent pas en vase clos ; ils dépendent de l’action des autres, des décisions gouvernementales aux influences sociales, pour s’acquitter de leurs responsabilités en matière d’égalité des genres. Cette interdépendance peut limiter l’efficacité des mécanismes de responsabilisation visant une personne seule ou des acteurs institutionnels dans la réalisation de l’égalité des genres dans l’éducation.

Même ainsi, les responsabilités liées à des personnes ou à des institutions peuvent être identifiées, et les responsables peuvent s’attendre à devoir rendre compte de leurs actions, même si les problèmes et les solutions diffèrent par leur contexte. Ce résumé aborde divers outils de responsabilisation dans divers contextes et examine la façon dont ils ont ou n’ont pas motivé les acteurs à modifier leur comportement pour réaliser l’égalité des genres dans l’éducation (Tableau 6).

TABLEAU 6: Mécanismes de reddition de comptes en matière d’égalité des genres dans l’éducation

Dans les systèmes démocratiques, par exemple, le vote permet à tous les citoyens d’exercer leur pouvoir de responsabilisation des politiciens, y compris ceux qui sont responsables de l’éducation et de l’égalité des genres, bien que dans certains contextes, l’opportunisme politique peut également s’opposer à la promotion des objectifs d’égalité des genres. Les acteurs de l’éducation peuvent se tenir mutuellement responsables en invoquant les lois et les règlements. Les mécanismes peuvent aller du contrôle du respect des règles en interne par le gouvernement à différents niveaux et dans différents organes, à l’examen de la parité des salaires et des indemnités par des institutions indépendantes. Les codes de conduite formels ou, le plus souvent, informels, constituent le fondement de la responsabilisation sociale et professionnelle dans l’éducation ; ces codes exigent que les personnes respectent les normes de responsabilité acceptées par leurs communautés et leurs pairs. Bien que les mécanismes liés au rendement soient de plus en plus courants pour les résultats éducatifs liés aux résultats de tests, ils ne sont pas encore systématiquement utilisés pour garantir la conformité avec les objectifs d’égalité des genres.

Certains acteurs peuvent demander des comptes à travers différentes approches. La communauté internationale peut par exemple appliquer des outils juridiques lorsqu’elle met en mouvement les mécanismes de suivi d’un traité juridiquement contraignant, des outils de performances lorsqu’elle retient l’aide financière extérieure d’un pays en raison de sa mauvaise réputation en matière d’égalité des genres, ou des outils sociaux lorsqu’elle critique ouvertement les politiques discriminatoires.

Les approches possibles en matière de responsabilisation sont nombreuses, et la mesure dans laquelle les pays les emploient varie énormément. Dans certains pays, un sérieux manque de contrôle et d’équilibre est symptomatique de la négligence dans l’exercice des devoirs gouvernementaux ou professionnels. Les mécanismes de responsabilisation limitée ont été identifiés comme « l’obstacle principal à l’intégration effective de la dimension du genre » dans les pays de l’OCDE (OECD, 2014). Dans d’autres pays, les mécanismes de responsabilisation pour l’égalité des genres dans l’éducation sont de plus en plus intégrés. Cependant, la preuve de l’efficacité des mécanismes de responsabilisation pour l’égalité des genres dans l’éducation est mitigée. Certains pays en développement atteignent les objectifs en matière d’éducation sans mettre explicitement l’accent sur les mécanismes de responsabilisation. Dans d’autres pays, les mécanismes de responsabilisation ont favorisé un regain d’attention sur ce qui compte et ont empêché des violations.

Cette partie du résumé examine les données probantes sur les mécanismes mis en place pour responsabiliser les principaux acteurs chargés d’assurer l’égalité des genres dans l’éducation. Elle se compose de quatre sections. La première section examine la manière dont les responsabilités des pays en termes d’égalité des genres dans l’éducation sont définies au niveau mondial et la manière dont elles sont appliquées. La deuxième section porte sur les obligations légales applicables aux gouvernements pour créer un plan d’éducation qui ne soit pas discriminatoire. Les deux dernières sections examinent les responsabilités des principaux acteurs de l’éducation pour assurer l’égalité des genres dans l’accès à l’école et pour obtenir l’égalité des genres par l’école.

 


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